Ex nihilo Neil

12 décembre 2012

Le jeu du pas de jeu aujourd'hui

Aujourd’hui, pas de jeu, pour plusieurs raisons, la principale étant que la semaine à venir va être chargée et que j’ai déjà du retard sur les dessins que je « dois » aux vainqueurs des jeux précédents. Je préfère donc ne pas m’engager sur de nouveaux d’ici la fin de l’année. 

En contrepartie, je m’en vais vous conter cette étrange soirée d’hier. Elle fut consacrée à la télévision, ce qui est étrange car cela fait quinze ans que je n’ai plus de poste. Après avoir discuté à midi des avantages et inconvénients des Teletubbies avec une ancienne collègue (et bien sûr évoqué la terrible controverse sur l’homosexualité de l’un d’entre eux), je me mis le soir même à regarder la conférence de Michel Desmurget sur l’influence de la télé sur l’ontogénèse cérébrale. C’est un peu flippant en fait… 


TV Lobotomie - La vérité scientifique sur les... par fsl56-org 
 (vous pouvez le mettre en fond sonore, le visuel importe peu)

Mais surtout, le soir, j’avais rendez-vous à l’Auguste Théâtre pour un concert de Michel Barouille. Qui est Michel Barouille, me demanderez-vous ? Eh bien c’est un chanteur bien connu des années 1980, vous connaissez sans doute ses grands succès : Bioman, Le Tour du monde en 80 jours, Goldorak et les deux Mazinger, Judo Boy… 

Je ne connais pas bien le milieu du doublage. En fait, si, je le connais bien, c’est un milieu qui m’a fasciné toute mon enfance, jusqu’à la découverte de la VO. Mais je ne m’en étais jamais approché en vrai. Par un étrange concours de circonstances, je suis en train de m’y intéresser de nouveau, et de découvrir un univers de passionnés que je ne peux que qualifier de geeks, mais d’un genre particulier. 

Si j’étais cynique, je dirais que la nostalgie n’est pas bonne conseillère, que remuer tous ces vieux chanteurs/comédiens dont le nombre s’étiole de jour en jour (j’ai appris que le comédien qui doublait Actarus était décédé récemment) n’apporte guère à l’univers artistique, que ces chansons et dessins animés n’ont bien souvent d’autre réel mérite que celui d’avoir bercé notre enfance et que le « c’était mieux avant » n’a jamais fait avancer personne. 

Mais il n’y a pas assez de cynisme dans le monde pour étouffer le feu qu’a mis Michel Barouille sur la scène de ce petit théâtre, embrasant la quarantaine de personnes présentes. Pour effacer le fait que tout le monde, votre serviteur compris, chantaient Judo Boy sur ce rythme absurde, oubliant qu’en fait c’est du karaté et que le traducteur a fait n’importe quoi. Pour oublier le cœur insensé que l’artiste mettait dans ses interprétations. 

Cadeau de l’organisateur, Michel Barouille a aussi pu interpréter quelques chansons de son choix, et son choix fut surprenant : La Complainte de la butte, La Chanson des deux amants… surprenant mais beau et émouvant. 

Et puis il y eut ce moment étrange où il invita « José, un vieux copain » à monter sur scène. C’est un vieux monsieur qui se leva et s’avança pesamment. Un octogénaire, tout fripé, tout voûté, qui m’évoquait irrésistiblement le joueur d’échecs de John Lasseter, celui qui joue contre lui-même. Alors que je me disais « quelle cruauté ! Il fait monter ce vieillard puis il l’abandonne sur scène, désemparé devant le micro ! », le vieil homme commence à battre un rythme de jazz, faiblement, sur ses mains. Un rythme parfait, quoique peu sonore. Et il commence à chanter. D’une voix magique de basse rocailleuse, une voix chaude et pleine de gouaille. Tout le monde veut devenir un cat… Quatre-vingts yeux s’écarquillent. Parce qu’un chat quand il est cat… les bouches s’ouvrent toute seules. Retombe sur ses pattes. Les mains du public se mettent à battre la mesure. 

L’homme s’appelle José Germain, il doubla Scat Cat et Bagheera, et il récolte un tonnerre d’applaudissements à la fin de son interprétation. Barouille aussi, qui essuie même deux rappels avant de déclarer forfait. 

C’était une étrange soirée, mais il y en aura d’autres, alors tout va bien. 

Pour plus d’informations sur les soirées à venir, suivez le blog Dans l’ombre des studios ou rendez-vous sur le site de  l’Auguste Théâtre, Paris 11e.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Y en a qui ont de la chance d'habiter à Paris.