Ex nihilo Neil

29 décembre 2017

Ex nihilo Neil 6.22

Et voilà, j'espère que cet épisode vous aura plu. Je ne garantis pas de lancer le prochain de suite de suite, mais il viendra, pas d'inquiétude...

15 décembre 2017

L'ombre du Mordor

J'aime les cétacés. Bien sûr. Tout le monde aime les cétacés.

Vous savez ? Les baleines, les dauphins, les cachalots... cette branche des mammifères qui s'est dit il y a 60 millions d'années que « la terre c'est cool, mais franchement on était pas mieux sous la flotte ? »

Et bien sûr, parmi les cétacés les plus classes du monde, il y a l'orque/épaulard/baleine tueuse (Orcinus orca), une des plus efficaces machines à tuer de la Création. Toute de majesté et de noir et blanc (et si vous suivez mon blog, vous savez que j'aime bien le noir et blanc). Un symbole taoïste à lui seul, une vision à la fois sublime et infernale, l'élégance de la mort qui nage.

Il est cependant possible que mon visionnage du film Orca quand j'étais gamin
ait influencé ma vision de cet animal...

Mais connaissez-vous la fausse orque
Il s'agit d'un cétacé beaucoup moins connu, baptisé ainsi car on peut le confondre, de loin, avec sa cousine (oui, « orque » c'est féminin, on l'oublie souvent). Pseudorca crassidens est plus petite, ne possède pas les magnifique zones blanches sur sa peau, ni l'immense nageoire dorsale d'Orcinus orca
Et, accessoirement, il me terrifie depuis que je suis tout petit.

Bonjour. Je chasse en bande organisée et, dans tes cauchemars,
j'attends que tu te baignes pour t'arracher la jambe !


Autant l'orque classique me fascine (et m'effraie aussi quand même un peu) par sa beauté froide de tueur sublime, autant la fausse orque me semble taillée pour le carnage, la boucherie. Il est noir comme les abysses, la forme de sa tête rappelle vaguement celle d'un xénomorphe et son sourire laisse deviner une envie de vous arracher la tête comme ça, pour le plaisir. Je déteste cette bestiole. Il est heureux qu'elle soit peu connue.


En revanche, il paraît qu'elle s'apprivoise assez facilement. Ça fait longtemps que
je n'ai pas fréquenté un delphinarium (c'est pas interdit, ces machins ?)
mais je n'en ai jamais vu dans aucun zoo ni aquarium.



Du coup je partage, hein, de rien.

Mais en faisant mes recherches (car je suis un blogueur sérieux) pour ce post, j'ai (re)découvert l'existence d'une autre saloperie : l'orque pygmée ! Une version miniature (2,5 m de long à peu près), assez moche (on dirait une larve d'orque classique) et, pour ne rien gâter, très agressive en captivité. 


Apparemment ça chasse le dauphin. Et techniquement, ce n'est pas de la famille des orques
(c'est plus un cousin du globicéphale, un dauphin tout mignon).


Mais quel sous-famille de merde !



En plus ils essaient de tuer Dumbledore !

13 décembre 2017

Petite réflexion sur la musique et les films

J'ai lu et entendu pas mal de critiques de Coco, la grande majorité très positives, mais il y a un détail qui revient souvent et que je trouve intéressant : les chansons de Coco sont interprétés par les protagonistes comme de vraies chansons qui ont vraiment lieu dans l'action. Elles sont, comme on dit, intradiégétiques, elles font partie de l'univers du film, les personnages sont conscients qu'ils chantent. Par opposition à une chanson extradiégétique, par exemple dans Toy Story ou dans Tarzan, et surtout par opposition aux comédies musicales, dans lesquelles les personnages se mettent à chanter sans aucune raison apparente, et sans qu'il soit clair s'ils en sont conscients ou non.


Allez voir Coco. Juste un conseil, comme ça.


J'aimerais revenir sur ce point, qui me semble important pour bien comprendre le cinéma dans son ensemble. Je connais beaucoup de gens qui détestent les comédies musicales par principe, parce qu'elles leur semblent absurdes. Comment se fait-il que des personnages a priori normaux, vivant une scène de la vie quotidienne, se mettent soudainement à pousser la chansonnette, rapidement rejoints par tous les passants, un orchestre qui flânait par là et des danseurs improvisant les plus folles chorégraphies ? Et comment se fait-il qu'une fois le numéro fini, personne dans le film ne s'interroge sur ce mystérieux phénomène ? C'est absurde, ça n'a aucun sens, ces films ne sont pas réalistes.

Alors, premièrement, aucun film n'est réaliste. C'est un point très important qu'il faut bien se mettre dans la tête : Bruce Willis qui balance des vannes alors qu'il pisse le sang avec deux balles dans l'épaule, c'est rigolo, c'est cool, c'est éventuellement touchant, mais ce n'est pas réaliste. Pas plus que l'infirmière de Charles Foster Kane qui entend les dernières paroles à peine murmurées de son riche patron qui meurt à dix mètres d'elle derrière une porte. Ni bien sûr que Julie Andrews courant dans la montagne autrichienne en chantant le son de la musique dans les collines vivantes. Le réalisme, c'est dans la vraie vie. L'art narratif, qu'il soit théâtre, cinéma, bande dessinée, roman, jeu vidéo... n'est pas réaliste, parce qu'il n'a pas à l'être : il est là pour raconter et faire ressentir, et pour ce faire peut et doit faire appel à tous les artifices à sa disposition.

En  haut : film réaliste, car le héros ne chante pas, il se contente de tuer des dizaines de terroristes
pieds nus en faisant des blagues.
En bas, film absurde et irréaliste, puisque les personnages chantent sous la pluie.

En l'occurrence, au cinéma ces artifices sont nombreux : le montage (que je place personnellement comme aspect majeur du septième art, puisqu'il lui est a priori exclusif), mais aussi la lumière (héritée du théâtre), le cadrage (qu'il partage avec la BD et la photographie), la musique (partagée avec... ben la musique, c'est un art en soi).
Utiliser la musique pour faire ressentir ou raconter, c'est donc une méthode parfaitement valide au cinéma. 

C'est là qu'intervient la comédie musicale (dont le nom est trompeur, puisqu'elle n'est pas forcément comique) : si les chansons peuvent faire passer des émotions, parfois même mieux qu'un monologue, alors pourquoi ne pas les utiliser dans certaines scènes ? Pourquoi ne pas tout simplement transformer certaines scènes en clips ? 
Et ça marche merveilleusement bien. Je comprends qu'on ait du mal à y rentrer, mais une fois ses préjugés laissés de côté, quel plaisir de plonger dans le délicieusement daté The Sound of Music, dans le ridicule un peu honteux de Mama Mia!, dans le délire génial de Reefer Madness ou Little Shop of Horror, dans la mise en abîme réjouissante de Once More With Feelings, dans la subversion entraînante de Hairspray, et bien sûr dans l'optimisme débordant et contagieux de Singin' in the Rain, que j'ai eu le plaisir ineffable de voir au Grand Palais la semaine dernière, que j'en ai encore les oreilles qui jouissent.


Bref, je ne trouve pas qu'il y ait lieu de mépriser les comédies musicales comme on le fait en ce moment, sur le ton : « oui, ça chante dans Coco, mais c'est pas une comédie musicale, hein, vous inquiétez pas, c'est juste que les personnages sont des musiciens ! »
Coco fait un usage fabuleux de la musique (je répète : Remember Me, Oscar ou je me coupe un truc !), sans être une comédie musicale, soit. Mais ça ne veut pas dire que la comédie musicale soit un genre à fuir, loin, très loin de là !

08 décembre 2017

Où vas-tu Johnny ?

Johnny Halliday est mort, et on va en entendre parler pendant toutes les fêtes de fin d'année. Et encore, on a du bol, sous Sarkozy on aurait eu droit à un journée de deuil national, avec la parade et les gonzesses...

Vous savez quoi ? J'aimais bien Johnny. J'ai grandi avec ses chansons. Mon père était un énorme fan de Johnny. Il avait une sorte de fantasme du cowboy, mon père. A une époque, il a même eu des chevaux (le voisinage s'en souvient encore, ça n'a pas duré longtemps, ces saloperies s'évadaient en permanence et le paternel en a vite eu marre de leur courir après à travers la campagne lot-et-garonnaise). 
Mon père adorait Johnny, c'était son idole. Je pense (psychanalyste à la manque) qu'il rêvait d'Amérique, mon père, qu'il se voyait tenant un ranch, ferrant lui-même ses bêtes. Il aimait D'où viens-tu Johnny ?, un film de 1963 où le chanteur interprétait un jeune truand redécouvrant la vie dans les steppes de Camargue. Un western camarguais, oui, ça existe, c'est même de là que vient la chanson Pour moi la vie va commencer.
Ironiquement, c'est la dernière chanson que j'ai chantée avec mon père, quelques semaines avant sa disparition, devant une émission de télé suggérant de se remémorer des paroles.



Un jour mon père est allé voir Johnny en concert. C'était un grand moment. Un autre jour, pour son anniversaire, je lui ai offert Destroy, l'autobiographie du chanteur... Je savais que Johnny y évoquait ses années de perdition, la drogue, la vie délirante, les arnaques des producteurs... Je ne suis pas sûr que ce cadeau partait d'un bon sentiment, je crois que je voulais juste détruire le mythe, briser une idole trop présente dans sa vie à mon goût... mais au final, je pense avoir fait plus de bien que de mal. Il a pris du recul sur sa fascination, et ça a laissé la place pour d'autres choses. 

Aujourd'hui Johnny est mort. J'ai cru pendant des années que je serais triste quand ce jour viendrait, parce que je penserais à mon père et à sa passion. Finalement, je n'y arrive pas. Je me dis qu'il va pouvoir le rencontrer pour de vrai, enfin, et qu'ils auront sûrement beaucoup à apprendre l'un de l'autre. 

Quant à moi, en ce moment je lis des textes de Terry Pratchett, j'écoute en boucle la bande originale de Coco, et je me dis qu'il est bien loin, le temps où Johnny constituait mon horizon artistique. 

Bye-bye Johnny, et si ton cheval casse un fer sur les routes pavées du Paradis, je connais un bon forgeron.

06 décembre 2017

Neil a vu... Coco (no spoil)

J'avais pris grand soin de ne pas trop me gâcher à l'avance le dernier Pixar, même si je sais que le studio de Lasseter a tendance à toujours garder un as dans sa manche et à ne pas tout révéler dans ses bandes-annonces.



Mais j'étais inquiet. Déjà parce que la thématique « Día de los Muertos » (la Fête des morts mexicaine), elle a déjà été exploitée dans une des plus fabuleuses œuvres sur le sujet : Grim Fandango. Donc va falloir s'accrocher si vous voulez m'impressionner avec le même type d'univers.

Ensuite parce que le peu que j'en avais vu me semblait quand même un peu mièvre. Mais c'est comme ça avec tous les Pixar. Chaque fois je me dis « ça y est, c'est celui de trop, ils ont capoté, c'est fini, ils vont sombrer dans le mielleux et le ridicule, comme Disney en son temps... »
Et à chaque fois ils me retournent. Et ça n'a pas raté avec Coco, qui parle de bien des choses mais notamment de l'abandon, des souvenirs, de la famille et de la mort. Et comme à chaque fois que Pixar évoque la mort, j'ai pleuré à la fin.

Le film est en outre beau à en crever, et sa bande originale est tout simplement parfaite : elle est parfaitement intégrée à l'histoire, chaque chanson a un sens (voire plusieurs) dans son contexte, et si Remember Me ne reçoit pas l'Oscar de la meilleure chanson, je me coupe un organe (je sais pas encore lequel, sûrement un poil). 

Donc allez voir Coco, plus j'y repense plus je me dis que c'est encore mieux que ce que je pense... 

04 décembre 2017

Ex nihilo Neil 6.15

Tant que j'y suis, avant la planche, une petite question : imaginons (c'est une hypothèse, hein) que j'édite une version physique d'Ex nihilo Neil. On approche des 44 pages, donc ça pourrait s'imaginer. Un truc à compte d'auteur, hein. Combien d'entre vous seraient intéressés par l'acheter (à prix coûtant : frais d'impression et d'envoi) ?
Répondez en commentaire (je pose aussi la question sur Facebook), c'est pour avoir une idée...


01 décembre 2017

Ecriture inclusive et politique

On me demande parfois mon avis sur l'écriture inclusive. Étant correcteur de profession (secrétaire de rédaction plus précisément, mais ça inclut la correction de textes), je suis peut-être légitime à m'exprimer sur la question.

L'arme des féminazies pour détruire les fondements de la société. Tremblez !


Alors, expédions le problème : l'écriture inclusive, je trouve ça très bien. Globalement, dans mon boulot, je m'échine à féminiser les titres (ingénieure, auteure, directrice générale...). J'admets que je préfère la parenthèse au point médian. Il se trouve que mon objectif, en tant que secrétaire de rédaction, est de rendre la lecture fluide. Or le point médian fait buter l'œil tous les trois mots, du coup il est contre-productif (du reste mes clients ont leur propre charte typo, et n'accepteraient pas un point médian en plein milieu de leurs articles). C'est temporaire, si la sauce prend, d'ici deux ans ça ne choquera plus personne, et son usage sera couramment admis, quoi qu'on en dise.

Mais justement, le but de l'écriture inclusive, ce n'est pas de changer la langue, c'est d'attirer l'œil sur un problème plus large, de soulever le débat sur la place des femmes dans la société. Un débat qui va nettement plus loin que les histoires de masculin/féminin (car les englobant en grande partie).  
D'où la question : pourquoi avons-nous droit à un tel bordel, avec des ministres (des ministres en exercice, hein ! du même gouvernement, du même parti !) qui s'envoient des Scuds les uns aux autres sur le sujet à la tribune du Parlement. D'autant qu'en focalisant sur son simple aspect syntaxique, le gouvernement fait passer ce combat pour du pinaillage et l'enterre sous des débats plus ou moins stériles (la « destruction de la langue française » et autres fadaises).

Alors de trois choses l'une :

- ou bien ils en sont conscients, et le but est d'enterrer la question, ce qui en dirait long sur le pouvoir du sexisme (et le sexisme du pouvoir) en France ;
- ou bien ils n'ont pas saisi cette portée, et on peut légitimement se poser des questions sur l'intelligence de nos dirigeants et de leurs conseillers parce que franchement, c'est pas compliqué de comprendre que les féministes ne font pas ça juste pour faire chier l'Académie française ;
- soit nous avons affaire à une petite crise de sarkozyte, et on réemploie la bonne vieille méthode : « occuper le débat public avec des conneries qui énervent tout le monde pour masquer les saloperies qu'on fait en coulisse, genre démantibulation du code du travail et autres joyeusetés ».

J'hésite encore...