Ex nihilo Neil

14 décembre 2018

Liste de Noël

Après cette semaine de rude militantisme, un peu de consumérisme aveugle.
Quoi donc acheter pour Noël cette année ? Je vous ai préparé une petite sélection de BD récentes tout à fait recommandables, y en a pour toute la famille (mais vous pouvez aussi tout prendre pour vous, c'est du tout bon).

Pour la petite sœur : Les Nombrils t. 8, Ex, drague et rock'n'roll !


Les Nombrils, c'est une BD toujours aussi bonne sous ses dehors de gags pour ados débiles. Les dialogues font mouche et l'humour fonctionne très bien, le dessin et les couleurs sont franchement classes, mais c'est surtout la performance narrative que j'applaudis. Les Nombrils, c'est une succession de gags en une planche qui réussit à raconter une vraie histoire suivie, avec des personnages qui évoluent vraiment et apprennent à grandir, malgré leurs défauts (et ils en ont tous) (beaucoup !). C'est plutôt rare (et c'est sans conteste la meilleure série à paraître régulièrement dans le journal Spirou ces dernières années).

Pour le grand frère : Lou! t. 8, En route vers de nouvelles aventures


Pourquoi le grand frère ? Parce que Lou!, ce n'est pas particulièrement réservé aux petites filles, ça parle de la vie, de l'adolescence, du passage à l'âge adulte, tout ça. Cette BD ne restera pas particulièrement en mémoire pour son histoire, c'est plus une BD d'ambiance, avec là encore un dessin et un jeu sur les couleurs fabuleux, des personnages mémorables et une admirable manière de capter l'état d'esprit lié à l'âge de son héroïne. Ce tome était supposé être le dernier, je vous laisse découvrir si c'est vraiment le cas.

Pour maman : Spirou, L'Espoir malgré tout, t. 1



C'est peu dire que de dire que j'étais fan du premier Spirou d’Émile Bravo, Journal d'un ingénu. Ce nouveau tome en prend la suite directe : la Belgique est envahie par les Allemands, et le petit groom à peine sorti de l'enfance assiste aux événements en essayant de comprendre ce qui se passe. 
Une BD pétrie d'humanité, et un moyen extraordinaire de mieux comprendre les tenants et aboutissants de cette période trouble, qui va largement au-delà du « c'est les méchants Allemands nazis contre les gentils Français/Belges/Anglais/Américains ».

Pour papa : Kaboul Requiem, Un thé avec les talibans


Vous avez lu les Souvenirs d'enfance de Marcel Pagnol ? C'est une tétralogie, dont on connaît en général surtout les deux premiers, La Gloire de mon père et Le Château de ma mère. Dans le troisième opus, Le Temps des secrets, l'histoire continue et Marcel poursuit son récit de son enfance dans les collines provençales. Puis, dans le quatrième, Le Temps des amours, il y a une espèce d'énorme digression hyper glauque, qui occupe plus de la moitié du bouquin (en tout cas c'est comme ça que je m'en souviens), sur la grande peste de Marseille de 1720. 
C'est un peu ce à quoi m'a fait penser ce quatrième opus de la série Kaboul Disco de Nicolas Wild. On change de narrateur pour passer à un récit beaucoup plus sombre, celui du journaliste Sean Langan, retenu prisonnier des talibans en 2008. Sans être dénué d'humour (qui rend la tragédie encore pire), la BD plonge dans une société déchirée par la guerre. Toujours aussi bon.

Pour mamy : Les Vieux Fourneaux t. 5, Bons pour l'asile


Les vieux sont formidables, comme Groland l'avait pressenti. Cette BD narrant les aventures de trois papis enflammés, chacun à sa manière (un anarchiste, un syndicaliste et un aventurier), et de la jeune Sophie est toujours aussi plaisante à suivre. On objectera que cet épisode n'est pas le plus intéressant (il faut dire qu'on a fini la partie où on pouvait consacrer un tome au background d'un personnage), mais il reste tout à fait recommandable, magnifique (j'adore le dessin précis et expressif de Cauuet), et augure d'une longue série qui fera date, par-delà son commencement sur les chapeaux de roue.

Pour votre conjoint(e) : Freaks' Squeele HS, Vestigiales


Vous connaissez mon amour pour la série Freaks' Squeele de Florent Maudoux (sinon, j'en parle ici). Pour ce tome hors-série, passé relativement inaperçu, il aborde un sujet éminemment casse-gueule : la relation amoureuse à travers ses différents aspects, psychologique, physique et spirituel. C'est magnifique, c'est fascinant, et ça peut même se révéler un poil excitant, mais pas au sens onaniste. C'est une œuvre sur le couple, ça parle de libido au sens noble du terme. Bref, on n'attendait pas Maudoux sur ce terrain, mais une fois de plus c'est brillant.

 Pour toute la famille : Edmond


Edmond, c'est à la base une pièce de théâtre d'Alexis Michalik, que je vous surconseille d'aller voir si vous en avez l'occasion (j'en parlais ). Et depuis peu, c'est aussi une BD, entièrement adaptée, scénarisée et dessinée par le talentueux Léonard Chemineau. Et franchement, c'était pas gagné, tant la pièce est une œuvre de théâtre pur, une ode à l'art tragicomique, un hommage aux planches. Ben des planches, y en a aussi dans les BD, et Chemineau réussit l'exploit de retranscrire l'ampleur, le panache de l'œuvre originale. Ah oui, de quoi ça parle ? En gros ça raconte (de manière très romancée) comment Edmond Rostand a écrit Cyrano de Bergerac. Je n'en dis pas plus. Pas besoin.

 

07 décembre 2018

French Food Porn - Mathieu Pradalet



Et pour finir, dans la catégorie inclassable, je voudrais une émission de cuisine qui combine des guests d'émissions de cinéma et l'esthétique du porno. 

Le résultat c'est French Food Porn, qui narre les aventures improbables de Jean-Junior, de sa maman (beaucoup trop jeune et sexy) et d'autres personnages plus ou moins recommandables. Notez d'ailleurs qu'il se déroule dans le même univers (enfin... disons la même diégèse) que Le Fossoyeur de films et Nexus VI, François Theurel et le Capitaine faisant régulièrement de très viriles apparitions ponctuelles (c'est très open, comme ambiance). 

Sans avoir la moindre scène ouvertement choquante, FFP n'est pas à mettre devant tous les yeux, tant tout transpire le sexe (la bande-son est... disons assez explicite). L'humour est parfois un peu gras, mais jamais balourd : on est dans la célébration des sens, le goût comme les autres, et si on rentre dedans (enfin, je me comprends), c'est aussi très drôle (sur le mode « Oh mon Dieu ils ont osé ! »). 
J'ajoute, et ce n'est pourtant pas mon genre, que les recettes à elles seules font bander !



Je vous en mets un relativement soft. Entre amis...

06 décembre 2018

Alby's Hobbies - Pierre Grenier



J'ai déjà parlé d'Alby, alias Pierre Grenier, mais je pense qu'il doit être un peu plus connu aujourd'hui qu'il participe régulièrement aux émissions du Joueur du Grenier (aucun lien de parenté). Alby, c'est une forme d'absurde comme je n'en ai jamais vu auparavant, une sorte de Robins des Bois puissance pi, à la fois bête et méchant, inspiré, frénétique et attendrissant. 

La base d'Alby, c'est de proposer des tutos bricolage décalés, du genre à utiliser en toute innocence des lames de rasoir ou des serviettes hygiéniques pour fabriquer un lapin-bougeoir (qui se veut mignon mais qui hantera vos cauchemars). Très vite ça part en vrille, avec un complot de grand méchant (avec Jérémy Morvan en sbire cloné mon Dieu c'est génial, le mec il a une armée de Jérémy Morvan, mais c'est tellement génial !!!), une ex psychopathe, un singe qui joue du piano, des chansons abominablement entêtantes sur des thèmes improbables (le viet vo dao, le bilboquet...)...

Depuis quelques épisodes sur sa nouvelle chaîne, Alby Forever, il a (enfin, sans doute... c'est difficile à dire) créé une nouvelle continuité et continue à produire des parodies tellement extrêmes qu'on ne se rend même plus compte qu'il s'agit de parodies. Vous voulez voir un mec exorciser l'esprit de Chantal Ladesou pour l'utiliser comme technique de relaxation ? Vous voulez voir un let's play de jeu de société d'horreur pas du tout horrible mais quand même un peu malaisant ? Vous voulez découvrir la terrible pénurie d'emplois dans le milieu des dames blanches et autres lavandières de la nuit ? Bref, vous voulez voir autre chose ? Alby, c'est autre chose !


Un épisode... disons, relativement représentatif.

05 décembre 2018

Role Play That Movie - Serious Business



Comment faire une vidéo drôle en utilisant le jeu de rôle, sans tomber dans le Naheulbeuk-like ou la partie filmée sans script à la Aventures ? L'équipe de Serious Business a trouvé l'idée de génie : faire jouer des films par une bande de rôlistes types. Pas « reprendre le scénario du film dans un JdR », ni « jouer dans l'univers du film », non, non, faire comme si la partie de JdR était le film !

Et il suffit de regarder leur vidéo sur Alien pour comprendre à quel point le concept est riche : la plupart des clichés de personnages que l'on retrouve classiquement dans un JdR ont pour origine le cinéma. Le bourrin, le prudent, le malchanceux, le rookie… Sans parler, évidemment, des astuces et incohérences de scénario qui s'expliquent beaucoup mieux quand on sait qu'il s'agissait d'un jet de dé raté ou d'une dispute dans le groupe.
L’équipe a depuis traité des films aussi divers que Twilight, Shrek ou Machete, et chaque fois c’est hilarant.

Si vous avez déjà fait ne serait-ce qu'une partie sur table, et si vous connaissez un des films dont il est question, foncez !


Regardez ça, vous allez vite voir si ça vous plaît.